XVIe – XVIIIe siècle, pierre
Le visiteur curieux peut découvrir plusieurs inscriptions lors de sa visite, à l’intérieur comme l’extérieur. Ces textes gravés dans la pierre nous renseignent sur la vie de la communauté. On y retrouve le nom de plusieurs prêtres, recteurs et curés ayant officié au Juch, des noms de membres de la fabrique paroissiale (ancêtre du conseil économique de la paroisse) et également une dalle funéraire.
Les messages sont écourtés. Voici quelques exemples d’abréviations :
· Au tympan de la porte principale : « MAREC DE KISORE PC » KISORE pour le village de KERISORE, PC pour prêtre curé.
· Sur la tourelle Sud : « I LE JONCOUR F » F pour fabrique.
· Du côté de l’évangile (du côté gauche de l’autel en lui faisant face) : » RE M GUILLAUME PAILLART ; DOCTEUR EN SORBONNE ET RECT » RECT pour recteur.
XVIIIe siècle, céramique
Ces 42 éléments reprennent une technique du Moyen Age, abandonnée au XVIe siècle. Ils constituent donc une singularité. Ces récipients en terre cuite sont encastrés dans les murs. Ils permettent d’augmenter la puissance de la voix et des chants, ainsi que d’absorber les sons graves.
Le clocher de l’église, érigé en 1730, est l’un des derniers éléments de l’église à avoir été construit. Il s’élève à 32 mètres et constitue un exemple tardif de la permanence de l’influence des clochers-murs médiévaux. Ceux-ci se caractérisent par une chambre des cloches se situant au sommet du pignon occidental ; cette tour est souvent ornée d’une balustrade et d’une flèche.
L’influence de la Renaissance et de l’architecture classique se perçoivent avec les deux tourelles symétriques amorties en dôme, les balustres ainsi que les pilastres et chapiteaux ornant les différentes baies du clocher.
1652, pierre gravée
Un cadran solaire est conçu pour diviser les heures en douze intervalles égaux, dont la durée changeait avec la saison. Au XIXème siècle, les horloges deviennent plus précises et plus sûres, les pendules et les montres se diffusent ; le temps s’uniformise à l’échelle mondiale en 1882 et les cadrans perdent leur importance.
En Bretagne, l’enclos est un espace fermé, qui sépare le sacré du profane. Au Juch, deux pilastres surmontés de pinacles portent des grilles de fer forgé qui ouvrent l’enclos ; l’une porte la date de 1781.
Entrer dans l’enclos impose de franchir une pierre de seuil provenant d’un ancien autel en granit placée entre les deux piliers du portail. L’autel chrétien, toujours de pierre, a une grande importance, et fait l’objet d’une dévotion particulière ; il est solennellement consacré par l’évêque qui y a enchâssé des reliques de martyrs.
L’enclos recèle un petit calvaire haut de trois mètres en granit monolithe. Il est surmonté par une croix avec un Christ crucifié sur une face et la Vierge sur l’autre face. Jusqu’aux années 1930, le cimetière était dans l’enclos, avant d’être déplacé en périphérie du bourg par manque de place et par souci d’hygiène.
XVIe siècle, granit, restaurée en 1816, classée aux Monuments Historiques en 1916
Les calvaires sont des témoignages de piété caractéristiques de la Bretagne. Sur une base octogonale en pierre de taille, se dresse un calvaire en croix simple, figurant le Christ crucifié. Il était coutumier d’adosser une Pietà ou, comme au Juch, une Vierge à l’enfant, à l’arrière de la représentation du Christ.
Bas-côté sud, en haut du 2e pilier en partant du fond
Cet élément constitue une autre curiosité architecturale de l’édifice. Il s’agit du seul corbeau (support saillant du mur) de la série de douze à être sculpté, représentant une tête de bœuf. Il n’est pas impossible que cette figure cornue fasse écho au diable du Juch.
Pierre
Située au niveau de la toiture sur le flanc sud du sanctuaire, au pignon de la nef, la statue de sirène est une autre particularité de l’église. Sa chevelure est abondante et ondulée, ses seins généreux évoquent une mère allaitante. Le corps se prolonge ensuite en queue nouée, qui évoque une queue de reptile.
Cette statue a été soumise à nombre d’interprétations différentes.
Dans ses mémoires, Hervé Friant, habitant du Juch au début XXe siècle, la nomme « Gwrac’hic ar Zal », la femme redoutable, la sorcière malfaisante. Cela renvoie à une vieille légende du Juch, celui d’une déesse mère, la Gwarc’h, ou « vielle femme ». Cette légende est antérieure au christianisme et pourtant présente sur la statue d’un édifice chrétien.
Le serpent apparaît comme élément de la déesse, sirène aquatique ou créature reptilienne, gardienne des eaux souterraines. De par ses seins gonflés, elle symbolise la vie, comme déesse de la fécondité.
D’autres ont vu une référence à Eve et la Genèse : une figure féminine portant la marque du péché originel, et faisant référence au serpent de la tentation et de la chute.